À moins de deux mois des prochaines élections fédérales, j’ai épluché les programmes des 6 principaux partis politiques francophones belges pour connaître leurs (pro)positions au sujet de leurs dépenses publicitaires sur les réseaux sociaux. Je résume, sans ordre particulier.
> Le Mouvement réformateur (MR), qui a dépensé 143.644 EUR (+71%) sur Meta en 2023 (voir tous les classements), n’évoque pas du tout le sujet dans son programme. Mais on se souviendra que le parti dirigé par Georges-Louis Bouchez a toujours été opposé à un plafonnement de ces dépenses.
> Les engagés souhaitent désormais « limiter drastiquement, par la loi », ces dépenses, avec une période de prudence préélectorale où le contrôle serait « renforcé ». Concrètement, le mouvement dirigé par Maxime Prévot, qui a dépensé l’an dernier 143.792 EUR (+33%) sur Facebook et Instagram, veut « demander la création d’un plafond à hauteur de 100.000 € par an pour les dépenses en sponsoring sur les réseaux sociaux. ». Et de préciser qu’en période électorale, il faudrait « limiter le microciblage aux seuls critères d’âge, de genre et de zone géographique ».
> Le Parti Socialiste, dont les dépenses de communication sur les réseaux sociaux de Meta se sont élevées à 49.077 EUR en 2023 (+163%), veut les « interdire »… ou «à tout le moins (les) limiter », indique un peu plus loin le programme. « Les messages diffusés sur les réseaux sociaux peuvent constituer un véritable danger pour la démocratie en ce que ces derniers, à travers des algorithmes peu transparents, favorisent la visibilité des interactions les plus radicales, argumente le parti dirigé par Paul Magnette. Les messages politiques largement financés sur les réseaux sociaux appauvrissent les débats d’idées, pourrissent le climat politique et favorisent la montée des populismes et des idées radicales. »
> Défi, qui a déboursé 23.245 EUR (+278%) pour ses pubs sur Insta et Facebook l’an dernier, n’aborde pas ce sujet dans son programme. Il ne serait pas surprenant que François De Smet et les siens soient favorables à un plafonnement « à certaines conditions ».
> Le PTB, qui a versé 179.682 EUR à Meta l’an dernier (-28%), estime pour sa part que « plafonner les dépenses de communication, y compris potentiellement sur les réseaux sociaux, constituerait un obstacle ». Et de préciser : « la droite (extrême) est particulièrement active en ligne, et nous ne pouvons pas leur abandonner cet espace. Nous devons lutter contre leurs discours de haine sur tous les terrains possibles, y compris sur les médias sociaux. » Par ailleurs, le parti emmené par Raoul Hedebouw affirme que le plafonnement des dépenses de communication « ne ferait que confirmer l'inégalité de traitement dans les grands médias et tue(rait) le débat dans l’œuf. »
> Ecolo, qui a dépensé 66.502 EUR chez Meta l’an dernier (+38%), plaide toujours pour « un plafonnement strict » des dépenses des partis politiques sur les réseaux sociaux. « Il est indécent de financer des plateformes et des multinationales, telles que Facebook, avec des millions d’euros d’argent public », indique le programme du parti co-dirigé par Rajae Maouane et Jean-Marc Nollet. « Une commission éthique devrait être chargée du contrôle de ces communications avec des sanctions à la clé en cas de diffusion des informations manifestement fausses (fake news) ou de propos contraires aux droits fondamentaux constituant des expressions de haine et de discrimination. »