
Une étude conjointe de la BBC et de l’EBU (dont la RTBF fait partie) montre que 45% des réponses produites par les assistants d’IA contient une erreur importante. Alors que 8% des Belges disent déjà consulter l’IA pour s’informer, la question de la confiance devient centrale.
Les assistants d’intelligence artificielle continuent de se tromper. Très souvent même. C’est la conclusion d’une étude menée par la BBC et l’Union européenne de radio-télévision (EBU), à laquelle ont participé vingt-deux médias publics européens, dont la RTBF et la VRT.
Publiée mi-octobre 2025, l’analyse a porté sur plus de deux mille réponses générées par quatre outils grand public (ChatGPT, Copilot, Gemini et Perplexity) à des questions d’actualité formulées dans dix-huit langues.
Près de la moitié de ces réponses contenaient au moins une erreur importante. Les problèmes de transparence sur les sources, d’exactitude et de contextualisation demeurent fréquents, en particulier lorsque les assistants sont utilisés en version gratuite.
L’IA devient une porte d’entrée vers l’information
Ces résultats apparaissent dans un moment où la consultation de l’intelligence artificielle pour s’informer s’installe progressivement dans les habitudes européennes.
Selon le dernier sondage réalisé pour le Parlement européen, environ un Européen sur dix dit avoir déjà utilisé un outil d’IA pour s’informer ou vérifier une information d’actualité.

En Belgique, la proportion atteint 8%, un chiffre légèrement inférieur à la moyenne de l’Union, qui se situe autour des 9%. Chez les 15-24 ans, cette proportion atteint 18%.
L’usage reste minoritaire, mais il progresse rapidement dans les tranches les plus jeunes et chez les publics déjà familiers des technologies de recherche automatisée.
Une confiance encore limitée
L’enquête européenne montre aussi que la confiance dans ces outils est contrastée.
En Belgique, moins d’un tiers des personnes qui les utilisent disent avoir confiance dans les réponses qu’ils fournissent. Beaucoup évoquent un sentiment d’efficacité, la rapidité de l’accès aux faits, mais aussi une incertitude sur l’origine des informations.
Cette ambivalence reflète une tension plus large dans les pratiques numériques : la facilité de consultation remplace peu à peu la lecture approfondie, au risque de confondre vitesse et fiabilité.
Des performances inégales entre outils et langues
Dans le détail de l’étude BBC-EBU, les assistants varient sensiblement dans leurs performances.
Gemini, de Google, se distingue par la fréquence de ses erreurs de sourcing, tandis que ChatGPT et Copilot présentent des taux d’erreurs plus modérés mais encore élevés.
Ces outils reproduisent mieux les contenus largement disponibles sur le web international que les informations locales ou nationales.
En Belgique, comme ailleurs, les questions portant sur la politique, la culture ou les faits récents propres au pays ont donné lieu à des approximations fréquentes ou à des confusions entre acteurs.
Un enjeu démocratique émergent
Cette fragilité soulève évidemment un enjeu démocratique. L’assistant d’IA est en train de devenir, pour une partie de la population en tout cas, une porte d’entrée vers l’actualité, au même titre qu’un moteur de recherche.
Les interfaces intégrant de la génération de texte se multiplient sur les smartphones, les moteurs ou les plateformes de service public. En Belgique, où le taux d’usage numérique est élevé, cette mutation s’opère plus vite qu’ailleurs.
Pourtant, l’étude souligne que la moitié des réponses testées comportent encore des défauts de fiabilité, et qu’un tiers manquent de sources vérifiables. Autrement dit, la technologie progresse, mais la qualité de l’information qu’elle diffuse reste incertaine.
Une réponse collective des médias publics
Face à ces constats, la BBC et l’EBU publient conjointement une boîte à outils pour aider les rédactions à encadrer l’usage de l’intelligence artificielle. L’objectif est de rappeler des règles de transparence et de vérification applicables à tout contenu généré automatiquement.
La RTBF participe à ce travail collectif, au sein du groupe d’innovation de l’EBU basé à Genève et à Bruxelles, afin d’adapter ces principes au contexte francophone belge.
Xavier Degraux, Consultant et formateur en marketing digital et réseaux sociaux (LinkedIn en tête), augmenté par l’IA et les data