LinkedIn : Mon Top 10 des nouveautés 2025

2025 n’a pas été une année de transition pour LinkedIn. Entre l’algorithme 360Brew qui redéfinit la visibilité et une stratégie de monétisation agressive qui bride le gratuit, la plateforme a changé de visage. Voici mon analyse critique des 10 changements qui vont redessiner notre avenir sur le réseau.

Sur LinkedIn, 2025 n’a pas seulement été une année de mises à jour (liste exhaustive centralisée par mon super confrère US Kevin D. Turner ici et ici). Cela aura été l’année du changement de régime. LinkedIn ne cherche plus seulement à connecter les professionnels, mais à standardiser, rentabiliser et alimenter ses modèles IA.

Entre avancées techniques et verrouillage économique, voici mon analyse critique des 10 basculements majeurs intervenus sur LinkedIn en 2025.

1. La recherche IA et 360Brew : le grand « bait-and-switch »

C’est LA transformation la plus spectaculaire (et la plus sournoise) de l’année. D’un côté, l’algorithme 360Brew a révolutionné la pertinence : on ne cherche plus par mots-clés, mais par intention et contexte. C’est la fin des hacks SEO basiques et le triomphe de la cohérence.

De l’autre côté, pendant qu’on célèbre cette IA a priori « géniale », LinkedIn retire discrètement des filtres de base (recherche par intitulé de poste précis, entreprise actuelle, années d’expérience…) pour les comptes gratuits.

C’est un « bait-and-switch » historique : on nous offre une technologie de pointe en façade, mais on nous retire les outils fondamentaux de prospection pour les mettre derrière un mur payant. Sur LinkedIn, la recherche précise devient… un luxe.

2. Le pacte faustien de la donnée et de l’IA

LinkedIn a élargi l’usage des contenus publics pour entraîner ses modèles d’IA générative. Officiellement, c’est pour améliorer le service.

Le « contrat » implicite a changé : notre visibilité est désormais troquée contre nos données. Les créateurs nourrissent gratuitement des systèmes qu’ils ne maîtrisent pas et qui, à terme, pourraient produire du contenu concurrent au leur.

La transparence progresse dans les conditions générales d’utilisation (CGU), mais le rapport de force est désormais totalement déséquilibré.

3. La vidéo immersive : une plateforme à deux vitesses

Avec l’apparition puis la disparition de l’onglet « Vidéos » et son flux vertical, LinkedIn a tenté d’assumer sa « TikTokisation ». Le format vidéo a été poussé artificiellement par l’algorithme.

Ce choix éditorial temporaire a créé une fracture. C’est que produire de la vidéo exige du temps, du budget et une aisance que tout le monde n’a pas. Et qu’en consommer au boulot peut être délicat…

En privilégiant ce format, LinkedIn a marginalisé les experts de l’écrit et a favorisé les « animateurs ». La diversité des formats a reculé au profit de la rétention et du temps passé sur l’écran. Un changement qui pourrait revenir en 2026 sous une autre forme.

4. La fin des « hacks » (articles collaboratifs & commentaires) ?

LinkedIn a tué les articles collaboratifs (et leurs badges jaunes) et imposé des limites aux commentaires massifs.

C’est la fin du « Growth Hacking » bourrin. Et tant mieux. Mais attention, c’est aussi une piqûre de rappel que les stratégies basées sur des formats propriétaires restent fragiles. LinkedIn teste, vous inondez, LinkedIn coupe, et vous perdez tout.

De même, limiter les commentaires assainit le débat mais favorise mécaniquement ceux qui ont déjà une audience installée.

5. La vérification : la nouvelle hiérarchie sociale

Les badges d’identité, de diplôme, de recruteur et d’employeur se multiplient.

https://www.xavierdegraux.be/guide-complet-de-la-verification-linkedin-mode-demploi-avantages-et-securite

Sous couvert de sécurité, LinkedIn instaure un système de « castes ». Il y a désormais les profils « certifiés » (crédibles, sérieux) et les autres (suspects par défaut).

Ne pas donner son passeport ou son email pro à la plateforme devient un handicap visible. La confiance est normalisée, mais elle est conditionnée.

6. « Sauvegardes » et « Envois » : La fin des vanity metrics

L’arrivée de ces métriques (sauvegardes et envois) dans les analytics, couplée à la vision des conversions réelles (abonnés gagnés par post, visites de profil après post), change la lecture de la performance.

On sort enfin du brouhaha des likes pour mesurer l’impact réel. C’est une excellente nouvelle pour les créateurs sérieux qui apportent de la valeur « de fond », souvent moins likée mais plus sauvegardée. Cela professionnalise la création de contenu, mais cela impose aussi une pression de performance permanente qui peut conduire, comme on l’a observé sur d’autres plateformes, à certaines dérives, souvent néfastes pour la santé mentale.

7. Le blocage de #OpenToWork : sécurité vs visibilité

LinkedIn empêche désormais la recherche du hashtag #OpenToWork dans les posts, sans doute pour limiter le ciblage par les arnaqueurs.

C’est un exemple frappant où la sécurité se paie au prix de la portée organique. En invisibilisant spontanément les chercheurs d’emploi dans le moteur de recherche global, LinkedIn protège les utilisateurs mais réduit leurs chances de rencontres fortuites. La plateforme décide de ce qui est bon pour vous, quitte à réduire votre visibilité.

8. L’ouverture de l’API analytics : l’industrialisation

LinkedIn permet enfin aux outils tiers d’accéder officiellement aux données statistiques personnelles.

Cela confirme le passage de « réseau social » à « plateforme business ». Les agences et les équipes marketing peuvent piloter leur présence de manière industrielle.

Cela creuse encore l’écart entre l’utilisateur lambda et le professionnel outillé qui pilote sa présence à la donnée près.

9. La saturation des newsletters

En supprimant le seuil des 150 relations pour créer une newsletter, LinkedIn a ouvert les vannes.

C’est en quelque sorte la stratégie de la terre brûlée. En transformant chaque utilisateur en média potentiel sans filtre, LinkedIn sature le canal de notification.

La valeur perçue d’une newsletter s’effondre quand tout le monde en possède une. C’est le triomphe du bruit sur le signal.

Et c’est d’autant plus dommage qu’une fois passé le cap de la première édition, dopée par LinkedIn, la plupart des newsletters ne rencontrent quasiment aucun succès.

10. La tendance de fond : Le « great paywall »

C’est le fil rouge qui relie les 9 points précédents. En 2025, nous sommes passés d’un modèle « Freemium » (le gratuit suffit, le payant améliore) à un modèle « Pay-to-Play ».

  • Vous voulez chercher un job précisément ? Payez.
  • Vous voulez voir qui a vu votre profil ? Payez.
  • Vous voulez des outils IA pour rédiger ou recruter ? Payez.
  • Vous voulez analyser vos concurrents ? Payez.

La question n’est plus « Est-ce que Premium vaut le coup ? », mais « Peut-on encore travailler sérieusement sur LinkedIn en version gratuite ? ». La réponse est, de plus en plus, non.

Soyons clair : LinkedIn a tout à fait le droit de faire évoluer son modèle économique.

Mais la méthode est trop brutale à mon goût : on ne crée pas de la valeur supplémentaire pour les abonnés, on retire de la valeur existante aux utilisateurs gratuits.

Xavier Degraux, Consultant et formateur en marketing digital et réseaux sociaux (LinkedIn en tête), augmenté par l’IA et les data

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