La partie consacrée à LinkedIn de l’étude Metricool 2025 annonce une chute de 23% de la portée organique des publications, mais une hausse de l’engagement. Faut-il paniquer ou s’adapter ? Analyse critique des chiffres à la lumière de l’algorithme 360Brew pour transformer ces statistiques en stratégie gagnante.
Metricool vient de sortir son énorme étude 2025 sur les réseaux sociaux. Une mine d’or statistique qui permet de dégager les grandes tendances du marché.
Ce qu’il en ressort concernant LinkedIn, spécifiquement ?
À première vue, le constat est brutal : la fête est finie. La portée s’effondre. Mais comme souvent avec les moyennes statistiques, la réalité est plus nuancée. Et si l’on gratte un peu sous la surface des « vanity metrics », on découvre que LinkedIn ne meurt pas… il mûrit.
L’étude repose sur l’analyse de près de 771.413 publications LinkedIn issues de 64.409 comptes connectés à l’outil. Si le volume est impressionnant et la segmentation par taille d’audience (du « Tiny » au « Huge ») pertinente, gardez en tête le biais structurel : on parle ici d’utilisateurs d’un outil de gestion, donc d’une population déjà plus active et professionnalisée que la moyenne.
Décryptage critique des chiffres, et surtout, ce que vous devez en faire.
Moins de vues, mais des vues qui comptent
Les chiffres de Metricool sont sans appel : les impressions moyennes par post ont chuté de 23% entre 2024 et 2025, passant de 1.057 à 813 vues.
La raison mathématique est simple : « Tout le monde veut sa part du gâteau, commente Metricool. Comme l’attention de l’audience n’est pas extensible, la part de visibilité diminue mécaniquement pour tout le monde. C’est la loi de la saturation. »
Cependant, méfiez-vous des conclusions hâtives. Parce que cette baisse de portée s’accompagne d’une donnée surprenante : le taux d’engagement moyen a grimpé de 11%, atteignant 1,74%.
Cela signifie que l’algorithme a cessé de diffuser votre contenu aux « touristes ». Il resserre la distribution vers les personnes réellement intéressées. On perd en viralité artificielle ce qu’on gagne en pertinence. C’est la signature typique de 360Brew, ce nouvel algorithme dopé à l’IA qui change tout.
Le piège des formats : Le Carrousel est-il vraiment roi ?
Selon Metricool, si vous voulez de la portée (Reach), les sondages dominent encore largement (+158% d’impressions par rapport à la moyenne). Pour l’interaction, c’est le carrousel (PDF) qui est présenté comme « imbattable », générant 247% plus d’interactions que les autres formats.
Attention au biais de corrélation ! Est-ce le format PDF qui est magique ? Non. Notez d’ailleurs que le format « Multi-image » (plusieurs photos sans PDF) performe deux fois moins bien.
Si les carrousels performent, c’est parce qu’ils obligent l’auteur à structurer sa pensée. Slide 1 : Le problème. Slide 2 : L’analyse. Slide 3 : La solution.
Or, nous savons que l’IA de LinkedIn (le fameux LLM « 360Brew ») raffole des contenus logiques et structurés.
Ne vous forcez pas à faire des carrousels si vous n’avez rien à dire. Un texte simple, bien aéré et structuré, vaudra toujours mieux qu’un PDF médiocre. C’est l’un de mes 10 commandements sur LinkedIn à l’ère de 360Brew.
Pages Entreprises vs Profils : La résistance inattendue
Enfin, l’étude tord le cou à une idée reçue : non, les pages entreprises ne sont pas mortes.
Pour les « petits » comptes (Tiny/Small), les pages entreprises génèrent parfois plus de partages que les profils personnels équivalents.
Cela confirme que la « Marque Employeur » ou la « Marque Expert » a encore sa place, à condition de ne pas l’utiliser comme un panneau publicitaire, mais comme un média de niche.
En revanche, pour les très gros comptes (+1M abonnés), le profil personnel écrase tout, avec 2,5 fois plus d’impressions que la page.
Ce que l’étude ne vous dit pas (et qui est pourtant vital)
Metricool analyse des posts. Mais l’algorithme, lui, analyse des gens.
L’étude passe totalement sous silence l’importance cruciale de votre Profil.
Avec 360Brew, votre profil (titre + infos) agit comme un « prompt » pour l’algorithme. Si votre profil est flou, vos posts seront mal indexés et mal distribués, quel que soit leur format.
L’étude statistique ne peut pas mesurer cette cohérence sémantique, qui est pourtant devenue le facteur numéro 1 de distribution.
La qualité plutôt que la quantité
Metricool note que les comptes publient deux fois plus qu’avant. D’après moi, c’est une erreur stratégique.
Dans un écosystème saturé, publier plus ne sert à rien si vous ne publiez pas mieux.
La leçon de 2025 est claire : acceptez la baisse de portée. Ces 23% de vues en moins étaient probablement des vues inutiles pour votre business. Concentrez-vous sur la conversion, la conversation et la pertinence.
Et n’oubliez jamais : une moyenne statistique ne sera jamais une stratégie personnalisée. Prenez ces études avec des pincettes, testez, et fiez-vous à vos propres données.
Xavier Degraux, Consultant et formateur en marketing digital et réseaux sociaux (LinkedIn en tête), augmenté par l’IA et les data
