Les jeunes Belges s’informent désormais d’abord sur les réseaux sociaux (étude 2025)

L’édition 2025 du Flash Eurobaromètre révèle un basculement générationnel discret mais profond. La TV et la radio restent dominantes chez les plus de 40 ans, tandis que TikTok, Instagram et Facebook deviennent les repères d’information des 15-24 ans.

Le glissement était perceptible depuis plusieurs années : il est désormais chiffré, dans l’édition 2025 de l’Eurobaromètre. En 2025, 65% des 15-24 ans belges déclarent s’informer sur les réseaux sociaux, contre 61% via la télévision. En 2023, la tendance était encore inversée : 66% citaient la TV, 59% les réseaux. Deux ans plus tard, la hiérarchie s’est renversée, marquant le passage symbolique du journal télévisé au fil TikTok.

Chez les 25-39 ans, la progression est encore plus significative : 61% utilisent les réseaux pour suivre l’actualité sociale et politique, contre 54% en moyenne européenne. En 2023, ils étaient 58%. Ce segment devient donc légèrement plus “digital” que la moyenne de l’UE. À l’opposé, 82% des 55 ans et plus restent fidèles à la télévision, preuve d’un écart générationnel qui ne se comble pas.

Gratuit

Je m’abonne à la newsletter de Xavier Degraux

Je m’inscris

Un public belge plus traditionnel que la moyenne européenne

Dans l’ensemble, la télévision reste la première source d’information : 69% des Belges l’utilisent, contre 71% dans l’UE. La radio, en revanche, reste un pilier belge : 49%, soit six points de plus que la moyenne européenne. En matière de numérique, le pays se montre plus prudent : 30% des Belges consultent les moteurs de recherche pour s’informer (40% en UE) et 36% utilisent les réseaux sociaux (40% UE).

Et l’IA, alors ?

L’Eurobaromètre 2025 introduit une nouvelle catégorie : les chatbots d’intelligence artificielle, désormais considérés comme une source d’information à part entière.

Quelque 9% des Belges disent les utiliser pour suivre l’actualité sociale ou politique, un score identique à la moyenne européenne. Chez les 15-24 ans, cette proportion atteint 18%.

La tendance reste modeste, mais marque l’entrée de l’IA dans le paysage informationnel, au même titre que les podcasts ou YouTube il y a quelques années.

Facebook et Instagram dominent, YouTube recule, TikTok explose

En 2025, le trio belge des plateformes d’information se compose de Facebook (61%), Instagram (49%) et YouTube (45%). Mais là encore, la Belgique se distingue : YouTube pèse beaucoup moins qu’à l’échelle européenne (57% en UE), tandis que TikTok gagne dix points en deux ans (35% en 2025 contre 23% en 2023).

Les formats suivent la même logique. Les Belges préfèrent les posts courts (44%) et les vidéos brèves (40%) aux contenus de moyenne durée (31%). L’attention s’y joue sur les premières secondes : une image nette, une phrase claire, un message bouclé avant la minute.

Les Belges s’informent, mais interagissent peu

Si les jeunes Belges s’informent désormais sur les réseaux, cela ne veut pas dire qu’ils y débattent vraiment.

Selon le même Eurobaromètre, près d’un Belge sur deux (45%) déclare ne pas interagir du tout avec des contenus sociaux ou politiques sur les réseaux, un record européen.

Ceux qui le font se limitent le plus souvent à lire ou visionner (28%) ou à aimer un post (24%). Seuls 15% commentent et 14% partagent. La Belgique reste donc un pays d’observateurs numériques : connectés, mais réservés.

Les influenceurs, nouveaux passeurs d’actualité chez les 15-24 ans

L’Eurobaromètre 2025 confirme l’ancrage des créateurs de contenu dans le paysage informationnel belge. 31% des Belges suivent au moins un influenceur ou créateur (contre 37% dans l’UE). Mais chez les 15-24 ans, le chiffre grimpe à 73%, exactement au niveau européen. En 2023, ils n’étaient que 63% : une hausse de dix points en deux ans.

En 2023, les jeunes Belges déclaraient suivre surtout des contenus “de vie quotidienne” et des “commentaires sur l’actualité” (34% chacun). En 2025, les préférences glissent vers des formats plus analytiques : près de 4 jeunes sur 10 s’intéressent désormais à des revues ou analyses politiques produites par des créateurs indépendants.

Désinformation : vigilance sans panique

La proportion de Belges estimant avoir été exposés à de la désinformation reste stable : 68% déclarent y être confrontés au moins “parfois”, proche de la moyenne européenne (66%). En revanche, la perception d’une exposition “fréquente” reste un peu plus basse (21% contre 23% UE). En 2023, seuls 14% des Belges se disaient “souvent exposés”.

La méfiance existe, mais sans basculement dans la défiance. Les Belges semblent avoir intégré la coexistence des sources fiables et douteuses — et composent avec.

La Belgique avance à son rythme

Enfin, en 2025, 19% des Belges affirment ne jamais utiliser d’autres sources numériques que les réseaux sociaux pour suivre l’actualité (contre 12% dans l’UE). En 2023, ils étaient 16% : la progression du digital reste donc lente.

Et quand on leur demande quel canal a gagné en importance au cours de l’année écoulée, 40% citent… la télévision, contre 23% les réseaux sociaux.

Xavier Degraux

Vous pourriez aussi aimer
Aller au contenu principal